Jules Levasseur 
Designer

Jules Levasseur développe une approche à la croisée du design, de l'art, de l'artisanat et de l'industrie. Implanté à Semur-en-Auxois, son travail de création d'objets et de mobiliers, mené en relation directe avec des entreprises et artisans locaux, est salué par la critique et couronné de nombreux prix. Sa table « S » a rejoint la collection du Mobilier National en 2025, et ses prototypes Y.T.K ainsi que la Banquette RESSAC ont intégré la collection du Centre Pompidou en 2020.

Depuis ses débuts, à l'École Supérieur d'Art et de Design de Reims, Jules Levasseur est habité par un désir profond d'aller à la rencontre des gens de métiers : tuiliers, chaudronniers, tapissiers, verriers, etc. Pour lui, la pratique du design ne se fait pas seul mais en collaboration. C'est au détour d'une rue piétonne de Semur-en-Auxois que l'on peut pousser la porte de son atelier-boutique. En 2020, Jules Levasseur fait le choix de s'installer à proximité de ses partenaires en Côte-d'Or et cherche d'emblée à tisser de nouveaux liens avec son environnement. Cette implantation relève d'un pari : celui de faire du design en zone rurale, cherchant à démontrer qu'il est possible de concevoir, de produire et de distribuer localement. Rien de rétrospectif ou de nostalgique dans son approche : jamais ne répéter ce qui se fait déjà, mais s'appuyer sur un déjà-là pour questionner les process de mise en forme de la matière.

En cela, sa marque « Métiers vivants » incarne parfaitement sa démarche. Jules Levasseur aspire à ouvrir des champs inexplorés de la création, à tester des combinaisons inédites, à pousser la technique dans ses retranchements. Il n'est pas attaché à un matériau en particulier. Pas de préjugés, toute matière possède un potentiel esthétique, technique, une physicalité qu'il s'applique à mettre au jour. Dans sa logique, le décor est la matière elle-même. Il n'hésite pas à œuvrer avec elle pour apprécier des altérités, à tester les machines qui vont la former et la déformer, à faire de multiples variantes pour apprécier de fines différences, tenter des rencontres inédites comme celle du verre et de la terre (Combinaisons, Florian Harling verrier, Tuilerie Laurent, CNAP, 2024), à éprouver des résistances et plusieurs degrés de cintrage du métal (Restructurations #1, 2014 ; Restructurations #2, expérimentations Industrielles, Gewiss France, 2015-2023), à voir à quel moment la matière atteint ses limites.

Jules Levasseur cherche également à être surpris par les processus de transformation de la matière qu'il façonne. Sans doute le plaisir qu'il prend dans son métier se tient-il également-là : sachant apprécier les spécificités des techniques auxquelles il recourt autant que les qualités qui en émergent. Dernièrement, ses approches relatives à l'utilisation de bois endommagés (Parasites #2, scierie Barbier, 2024 ;  projet "Demain les Forêts", programme ERABLE du Ministère de la transition écologique, 2025) le conduisent sur le terrain de préoccupations environnementales et d'enjeux écologiques, ouvrant un nouveau chapitre à son travail exploratoire et à son expertise professionnelle. 

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Texte: Sophie Fétro, 2025